Chapitre 3

Chapitre 3 : Le rêve

 

 

 

 

 

Je tendis la main. C'était sans doute une pluie d'été. Elle était chaude. De grosses gouttes tombaient. Mes vêtements mouillés collaient sur ma peau. Je ne pouvais voir autour de moi qu'une personne. Cette personne me ressemblait comme deux gouttes d'eau, à ceci près qu'il saignait. Le poignard était planté dans son ventre. Il le tenait, en le regardant alors que la pluie s'abattait sur nous comme pour nous frapper d'une force dérisoire, mais acharnée.

« Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Â»

Il agonisait, toujours genoux à terre. Il me regarda.

_Tu… Tu veux… Vraiment… Savoir?

Sa voit était saccadée.

« Il est gravement blessé... Â»

J'étais comme figé, stupéfait de ce qu'il arrivait. Il me voyait et pouvais me parler. Mais il fallait en finir, je devais savoir, quelque chose me poussait à vouloir connaître le fin mot de tout.

_Racontes-moi lui dis-je en m'approchant de lui.

_Je ne vais pas te raconter…

Il tenta de se relever, sans que je l'aide et resta avec un seul genou à terre.

_Je vais plutôt te montrer.

_Me montrer quoi ?

Avant que je ne puisse faire quoi que ce soit, il disparu. Je regardai l'emplacement où il se trouvait, il y a quelques secondes. Il y avait toujours cette mare de sang et les deux immenses ombres qui ne pouvaient être que deux collines. J'étais au milieu. D'un coup, le paysage s'éclairci. Le soleil se levait. Je découvris avec horreur que mon « double Â» n'avait pas été seul blessé. Des cadavres à perte de vue s'entassaient les uns sur les autres. Les épées, tantôt plantées dans les victimes, tantôt dans le sol étaient couvertes de sang. S'entremêlaient les boucliers, épées longues, courtes, fléaux, haches…

« Je veux savoir! Que s'est-il passé !? Â»

_Patience, me répondit ma voix.

Le soleil se recoucha lentement. Autour de moi, le paysage changeait. Les cadavres disparaissaient, les armes également. Je me retrouvai rapidement seul, seulement entouré du relief de ce lieu peu commun. J'entendais un bruit, comme un bourdonnement. Cela venait d'une des collines, mais je ne savais pas laquelle…

Le bourdonnement se rapprochait. Suivant mon instinct, je commençai à courir en direction de la  colline d'où je pensais que les sons venaient. Dans ma course folle, j'étais aveuglé par les grosses gouttes qui me tombaient dessus. Je trébuchais de temps à autre, parvenant à me ressaisir. Cependant, plus j'avançais vers la colline, et plus elle me paraissait lointaine. Je m'arrêtai, essoufflé, m'appuyant sur mes genoux. Je me rendis compte en regardant devant moi que la colline était toujours à la même distance.

Tout devenait flou, petit à petit. J'étais en train de me réveiller.

« Non ! Pas maintenant ! Â»

_Patience…

 

 

 

 

La lumière était aveuglante. Je soupirai. Encore dans ce que j'appelais le brouillard matinal, je regardais ma montre.

_7h40 ? Merde !

Je me levai d'un bon et courait de par et d'autre de la chambre pour me préparer.

D'abord, les habits, pour éviter d'aller en cours à poil, puis ensuite le sac, pour éviter de venir les mains vides.

Une fois en bas, je prenais en coup de vent mon manteau et les clefs pour fermer. Sur le chemin, je pressai le pas, jusqu'à courir. Je devais faire des efforts pour ne pas penser au rêve. Je n'avais pas vraiment le temps.

« Ce soir…On verra ce soir. Â»

Arrivant au lycée, je vis un surveillant qui commençait à fermer le portail « Sud Â».

_Non ! Attendez !

_Désolé, tu as trois minutes de retard !

D'après son regard, on aurait cru que j'avais commis la pire faute de ma vie. Après, tout cela n'avait sonné qu'il y a cinq minutes.

« Cinq minutes !? Â»

J'étais vraiment en retard. J'avais déjà manqué des cours ce mois-ci.

« Je vais me faire tuer. Â»

On avait cours de biologie durant trois heures consécutives, et le prof avait la fâcheuse habitude de ne jamais être en retard. Il lui arrivait même d'être en avance. Vu que le portail se fermait devant moi, il ne me restait qu'une option : le portail Nord, qui était à 100 mètres plus loin…

Mes pensées se bousculaient. Je pensais au rêve que j'allais faire ce soir, à mon retard, à Nataniel que je devais démasquer, à comment le démasquer et à Tania…

Dans la cours, en direction du bâtiment scientifique, j'eu la surprise de croiser Nataniel, visiblement tout aussi surpris que moi.

_Tu n'est pas sensé être en cours ? On est en retard ! lui lançai-je, à demi paniqué.

_Tu n'est pas au courant ? Monsieur Charançon est tombé malade ! Une semaine d'absence ! Il est marqué au tableau, dit-il en rigolant.

On pouvait dire que ça tombait vraiment à pique. Un peu trop, même, mais soit. La vie est toujours faite de ce qu'on attend le moins. Cela ne nous faisait donc que deux heures de cours l'après midi…

« Parfait, je vais enfin pouvoir parler avec lui… Â»

_Et si tu venais chez moi, on pourrait parler comme ça ?

Il sourit.

_Oui, pourquoi pas ?

Sur le chemin, alors qu'il me parlait du lycée, de la classe, de la manière dont il essayait de s'intégrer, je ne pensais qu'à essayer de le démasquer. Cette idée m'occupait tellement l'esprit qu'il s'en rendit compte. Alors que je cherchais mes clefs pour ouvrir la porte, il prit subitement un air sérieux.

_Qu'est-ce qu'il y a ? Tu me regardes bizarrement depuis ce matin… C'est par rapport au fait que j'ai parlé à Tania en sport ?

_Non, désolé, c'est que je dors très mal en ce moment.

Je comptais voir sa réaction, mais je n'y vis rien de très révélateur. Je ne me rendis même pas compte qu'il savait pour Tania.

_Comment ça se fait ?

_Tu n'en as aucune idée ?

Je perdais patience. Autant en finir en posant carte sur table. Tout en parlant, on s'installait dans la salle à manger. On s'assit tous les deux.

_Pourquoi tu me demandes ça, Tom ?

Mon manque de sommeil ne me facilitait pas la tâche. D'ordinaire calme, j'en finissais par m'énerver.

_Arrêtes de te foutre de moi, Nat' tu le sais très bien ! Tout a commencé quand tu es arrivé ! Tu crois que je n'ai rien vu ?

Il me regardait avec de grands yeux, comme si je lui parlais une autre langue. Cela m'énervait d'autant plus que d'être pris pour un idiot.

« Il sait. C'est sûr. Â»

Je m'approchai de lui. Je devais savoir.

_Ne me prends pas pour ce que je ne suis pas !

Le temps que je me rende compte de ce que je faisais, je l'avais pris par le col, soulevé de sa chaise, et plaqué contre le mur.

_Tu me dois une explication, je crois !

Il me regardait de ses yeux clairs, effrayé.

_De quoi tu parles Thomas ? Je n'ai rien fait ! Lâches moi, qu'on discute calmement ! Je ne comprends rien !

Je m'exécutai, totalement désemparé par ce que je venais de faire. Jamais je n'avais fait de telle démonstration de force. Il resta à me regarder, à me jauger. Il restait très calme. Inquiet, mais calme.

« Qu'est-ce que j'ai fait ? Â»

Sans se quitter des yeux, il se décolla du mur, et je m'assis. Je baissai les yeux vers la table.

« Le roi des cons, je suis le roi des cons ! Non, celui des cinglés, plutôt. Â»

Mes pensées s'embrouillaient, se mêlaient. J'arrivais à ne plus savoir comment j'avais pu croire que…

_Nataniel, je suis vraiment désolé…

Il me regardait. Il paraissait aussi perdu que moi.

_Ecoutes, commença-t-il, on se connaît encore mal, mais autant te dire que j'ai vu comment tu regardais Tania…je n'oserais pas… Je ne suis pas du style à couper l'herbe sous le pied, ou coiffer au poteau, si tu vois ce que je veux dire.

J'eu un rire presque moqueur.

_Il ne s'agit pas de ça. C'est autre chose. Quelque chose est en train de m'arriver… Il se passe des trucs depuis quelques jours.

Il s'assit. Je lui racontai alors tout ce que j'avais vécu ces derniers jours. Je lui parlai du rêve, du poignard violet, de la présence de l'autre jour. Il m'écouta pendant près d'une heure, sans rien dire. J'essayais de n'oublier aucun détail. Lorsque mon récit fût terminé, il resta quelques secondes à me regarder, sans rien dire. J'avais l'idée qu'il se précipite vers la porte d'entrée pour s'enfuir en criant au fou. Il n'en fit rien. A ma grande surprise, il le prit plutôt bien.

_Tu te drogues, c'est ça ? Tu te drogues, et tu veux me faire essayer, me dit-il doucement.

« Comment lui faire croire ? Je ne suis même pas sûr d'y croire moi même. Â»

_Ok, admettons que ce soit vrai. Tu penses que c'est quoi tout ça ?

_J'en sais absolument rien soupirai-je.

_Ca expliquerait pourquoi tu as dit ces trucs à… Comment il s'appelle déjà celui-là ? …Ah, oui, David, l'autre jour.

_Qu'est-ce que j'avais dit ? répondis-je, impatient d'entendre la réponse.

_Tu as dit un truc du style, heu… Que tu espérais vraiment que le jour venu, il saura prouver sa véritable valeur.

Je le regardai, désolé. C'était donc pour ça seulement que tous m'avaient regardé comme un alien? J'hochai la tête pour lui signifier que j'avais saisi sa, ou plutôt ma phrase, sans pour autant en comprendre le sens.

Nous restâmes quelques minutes à fixer chacun un bout de la table à manger, perdus dans nos pensées. Au bout d'un moment, il s'accouda à la table, comme pour réfléchir. Je levai les yeux vers lui, interloqué.

_Quoi ?

Il me regarda, un sourire en coin, les yeux brillants.

« Lui, il a une idée stupide derrière la tête ! Â»

Il s'approcha de moi.

_On doit en savoir plus, non ? Il faut qu'on explique ça !

« Je savais bien qu'il avait une idée débile ! Â»

_On ? répétai-je.

_Bien sûr ! Tu me raconteras ! Il faut savoir ce qui se cache derrière ça !

Il regarda sa montre.

_Bon ! Je dois y aller, ma mère m'attend pour le déjeuner. On se revoit cet aprèm' !

Je le raccompagnai à la porte, pensif. Lorsque j'eus refermé la porte, la situation me paraissait encore moins claire qu'avant. Pourquoi Nataniel avait une réaction si…

« Enthousiaste. Â»

Ce mot résonna dans ma tête. Je replaçai les chaises, lentement.

« Moi, si on m'annonce un truc comme ça…surtout quelqu'un que je connais à peine… Â»

Mais Nataniel était manifestement d'un vrai soutien. Pour une fois que c'était le cas, j'avais plus envie d'y croire que de me poser des questions dont je savais que les réponses ne me plairaient sûrement pas.

« Bon, vivement la fin de journée ! Nataniel a raison. Il faut que je sache.»

 

 

 

 

Je ne sais pour quelle raison, mais l'après midi me paru drôlement courte. Les deux heures de physique furent assez rapides. J'expliquais cela par la bataille de gommes assez monumentale qui avait eût lieu. Nous étions beaucoup à « taquiner Â» le professeur, surtout du fait qu'il avait la fâcheuse habitude de mettre tout le monde un par table. Du coup, pour discuter, cela rendait les choses très dures. Alors les mots fusaient. Cependant, lorsque le bout de papier roulé en boule atteignait une mauvaise personne, celle-ci répliquait souvent avec un bout de gomme. Pour peu qu'il manque sa cible et en touche une autre, la bataille était déclenchée.

J'appris d'ailleurs par un de ces fameux mots que les vacances de la Toussaint étaient proches. Une nouvelle qui ne présageait pas que du bon puisque les vacances se faisaient précéder d'une semaine de devoirs surveillés. Étant donné les circonstances, les études servaient pour une fois de passe-temps, me sortant de mes inquiétudes

Le soir, je me posais sur mon lit et essayais de faire le point.

« C'est franchement bizarre…Je n'ai aucun sentiment vis à vis de tout ça.»

Cela faisait un petit bout de temps que je faisais mes cent pas en essayant de m'expliquer pourquoi je n'arrivais pas à avoir de véritable peur. J'avais seulement de l'inquiétude et de l'excitation.

« De toute manière, je suis, que je le veuille ou non, dans la merde ! Alors autant que j'y reste de mon plein gré ! Â»

Il arrivait souvent que mes pensées n'est pas grand sens pour moi, mais je m'avouais à cet instant que celle-là était vraiment incompréhensible.

Je me cachais avec peine l'appréhension que je ressentais. Mes idées et mes pensées, dont la plupart n'avaient aucun sens, se mélangeaient, se fondaient les unes aux autres, me troublant encore plus que ce que je ne l'étais.

Je m'allongeais dans mon lit, comme on s'installe sur la table de torture du dentiste. Je restais là, les yeux grands ouverts, attendant bien sagement que Morphée me prenne dans ses bras. Mes paupières devenaient de plus en plus lourdes, au fur et à mesure que le temps s'écoulait. D'un coup, j'eu l'impression de tomber de haut, je rouvris les yeux, en sursaut, pour voir au dessus de moi un ciel noir dont les gouttes de pluie commençait à me mouiller.

Je me levai d'un bon. Tout était comme à l'accoutumé. Le bourdonnement que j'avais entendu la dernière fois avait disparu, tout comme les cadavres qui gisaient en ce lieu si singulier. Ce dernier me semblait le seul point commun entre chaque rêve.

« Et si je l'avais vu en vrai ? Â»

Cela ne me disait pas grand-chose. Un bref son dans les airs me fit lever la tête. Il devait sûrement y avoir des oiseaux dans les parages. En y regardant de plus près, j'aperçu une plume qui, perturbé par les trombes d'eau, retombait. Je n'eu qu'à tendre ma main afin de cueillir cet étrange présent.

Tandis que l'eau ruisselait sur mon visage, je fixais dans l'incompréhension cette plume noire.

« Qu'est-ce que…? Â»

Je n'eu le temps de finir mes pensées. Quelque que chose me passa juste au dessus de la tête. Je m'agenouillai dans l'herbe, alerte. La chose ailée se dirigea vers l'une des montagnes et disparu derrière. Le grondement se fit de nouveau entendre. Le son semblait plus proche désormais. Instinctivement, je ne regardais que la colline où ce truc était parti…Prenant mon courage à deux mains, je commençais à courir de toute mon énergie vers la colline. Je grimpai la pente avec vigueur. D'autres choses passèrent au dessus de moi. Arrivé en haut, en regardant de plus près l'une d'elle passer, je découvris avec stupeur qu'il s'agissait d'hommes aillés.

« Des anges? »

Je n'étais pas au bout de mes surprises. Le sommet de la colline dévoilait un spectacle tout aussi terrifiant que saisissant. Des soldats à perte de vue se battaient en armure. Les fameux anges se précipitaient tels des aigles sur leurs proies. Des hurlements se firent entendre. Le ciel s'embrasa. Des boules de feu apparurent dans la nuit, et atteignirent lourdement en différents points la masse incroyable de guerriers, éclaboussant certains de flammes. Je regardais, immobile, impuissant. Les guerriers ne semblaient pas perdre en vivacité et rage. On devinait le bruit d'os brisés sous l'impact des fléaux de certains. Des cris de toute part résonnaient dans la plaine. Quelques boules de feu éclataient sur les anges en vol. Eux et leurs ailles enflammées tombaient alors dans le flot d'armures et de cadavres. Mais des cris plus horribles que d'autres se firent bientôt entendre. Des renforts venaient renforcer chacun des camps. Les corps s'entassaient alors que d'autres guerriers arrivaient encore et encore. J'en voyais qui enjambaient les corps des leurs, d'autres qui trébuchaient dessus.

Une lueur bleue-nuit à l'horizon faisait fuir un des camps. Lorsque cette lueur que je voyais comme une sorte de nuage arriva à hauteur des « chevaliers Â», des cris horribles se firent entendre. Le bleu fit très rapidement place au rouge sang.

« Mais qu'est-ce que ça veut dire? Quel rapport avec les autres rêves? Â»

La bataille faisait rage, les guerriers en armures laissaient rapidement place à un tout autre type d'armée composée de quelque chose qui n'avait rien d'humain. Les cris devenaient bestiaux, enragés. Les anges eux aussi se multipliaient sur le champ de bataille. Les explosions de boules de feu n'étaient rien à côté des détonations que je voyais maintenant. Le sol en tremblait tellement que je perdis pieds pendant quelques secondes.

_Mais qu'est-ce que je dois comprendre de tout ça? hurlais-je au champ de bataille.

_ Ce que tu vois…

La phrase se fit interrompre par un bruit derrière moi de brindilles écrasées. Je fis volte-face, un genou encore à terre, et n'eu le temps de voir que l'immense masse bleu qui fondait sur moi, d'énormes griffes au bout de ses membres avant.

 

 

 

 

Je sursautai, la respiration comme si j'avais failli me noyer. Je me jetai instantanément sur l'interrupteur le plus proche. Je scrutais ma chambre à la recherche de quoi que ce soit qui puisse avoir des griffes. En me retournant je vis une tâche de sang sur l'oreiller, mais aussi sur mon haut de pyjama. Je portais la main à mon nez. Du sang coulait.

_Alors c'est réel, dis-je, presque fasciné par mes doigts ensanglantés.

Mes parents entrèrent dans ma chambre rapidement.

_On a entendu un cri! Ça va?

_Oui, oui, c'est bon, j'ai juste fait un cauchemar.

Voyant le regard de mes parents sur les tâches de sang que j'avais sur moi, j'improvisai la suite de mon explication.

_Oui… j'ai bougé de partout, et je suis tombé du lit. Là, je me suis cogné…

En montrant la table de nuit, je la touchais de mes doigts pleins de sang, afin d'y laisser une petite marque corroborant mes propos.

_Il vaudrait mieux que tu restes à la maison aujourd'hui, j'appelle le médecin dit ma mère derrière mon père qui ne me lâchait pas des yeux.

J'allais bien pourtant. Vers dix heures et demie du matin, alors que mes parents étaient partis comme d'habitude au travail, j'entendis la voiture du médecin arriver. En réalité, je n'avais aucune idée de quelle voiture il pouvait s'agir, mais le fait était qu'elle entrait dans le jardin par la grille ouverte…

L'auscultation dura plus longtemps que celles qu'on peut avoir dans un cabinet de docteur. Il vérifia si j'avais mal au crâne, s'il m'arrivait souvent de perdre du sang comme ça, si j'avais des troubles de l'équilibre, etc. Devant mes négations, il fut tout de même rassuré. Je le laissais faire l'ordonnance, sans rien lui dire.

« Il faut que j'en parle à Nataniel. Dommage que je n'ai pas son numéro de portable. Â»

Je raccompagnai le docteur à sa voiture, en l'assurant que je l'appellerai si cela venait à se reproduire. La voiture s'éloignant, je regardai ma montre. Il était midi et quelques minutes. Je vis une silhouette familière. Je souris.

_…Et c'était une bataille titanesque! On aurait dit le seigneur des anneaux! Des catapultes de partout! Et les anges!

On s'était installé dans la salle à mangé, une cannette de coca dans les mains. Je lui disais tout. Une fois ma narration finie, nous commençâmes à établir différentes hypothèses pour tenter de connaître la signification du rêve. A chaque hypothèse, un long silence suivait, comme pour faire le deuil de tant de neurones grillés inutilement à de idées plus bizarres les unes que les autres.

_Bon, commença Nataniel, et si tu étais comme un sorte d'élu qui était lié à un passé mystérieux?

_On n'est pas non plus dans la matrice, là. Il s'agissait d'une bataille avec des gars en armures…

_Oui, et des anges, et des démons, je sais, tu m'as dit. Je suis sûr qu'on trouvera une belle photo de cette bataille dans les bouquins d'histoire!

_Ce dont on est sûrs, finissais-je par dire en ignorant les plaisanteries de Nat', c'est qu'il s'agit de quelque chose qui vient du passé. Il faudrait qu'on cherche des infos sur les grandes batailles. On devrait forcément trouver quelque chose! Des batailles du moyen âge… ou de l'antiquité, c'est sûrement ça.

_On fera des recherches, me dit-il, sérieux.

_Ouais…

Je regardais la cannette que je tenais dans les mains, comme la plume de cette nuit. Je ne voulais pas poser de question à Nataniel, mais je trouvais bizarre qu'il comprenne si bien ce rêve, alors que même pour moi qui l'avais fait, je le trouvais nébuleux.

_Nat', dis-moi, ça ne te fait pas bizarre, tout ce qui arrive? Ce que je veux dire, c'est que je ne suis même pas effrayé de ce qui arrive. Je suis presque content qu'il m'arrive enfin un truc!

Il eût un sourire.

_Je te comprends, je ressens la même chose. C'est un truc de fou qui nous arrive à toi et moi. Le pire, c'est qu'on est tellement content que ça donne un sens à nos vies, qu'on en néglige le côté…

Voyant qu'il cherchait ses mots, j'acquiesçais.

_Reste à voir là où ça va nous mener…



Voir le Chapitre 4



25/11/2006
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