Chapitre 2

Chapitre 2 : Un invité de marque

 

 




La pluie tombait. Les gouttes de pluies s'écrasaient sur les corps. Je connaissais ce lieu. Je l'avais déjà vu.
Je m'observais, à genoux dans l'herbe humide, retirant le poignard violet de mon ventre. Tout semblait être comme figée. Seule la pluie continuait de s'écraser sur le sol.
« Qu'est ce que... ? »
Un doux vent soufflait dans mes cheveux. Je pouvais sentir l'odeur caractéristique du sol mouillé et de l'air humide, celle que l'on sent juste avant et juste après la pluie. Sauf que celle-ci continuait de s'abattre. J'avais les vêtements que j'avais porté la journée.
« Où est l'appareil photo ? »
Je ne savais pas où j'allais chercher cet humour douteux, mais j'avais raison sur ce point : j'étais en train de visiter mon rêve. J'étais debout, juste à côté de celui que j'avais été l'autre nuit.
Alors que j'approchais d'un des corps pour voir à quoi il ressemblait, j'entendis une chanson, celle de Green Day…
Je me rendis compte que pendant que je visitais mon rêve, ma mère avait visité ma chambre.
_Pardon poussin, je voulais te réveiller en douceur ! me dis ma mère,
totalement désolée.
_Alors touches pas à ma chaîne ! dis-je en marmonnant.
J'avais un mal de crâne horrible. Je portais ma main au front.
_Oh ! Ça va ! Je voulais juste éviter que tu te rendormes comme la semaine dernière !
Il était vrai que je m'étais rendormi lundi dernier. Cela m'avait fait manquer une matinée de cours. Mes parents n'avaient pas pris le fait que je dormais mal comme une excuse valable. Je n'avais toujours pas compris pourquoi. Ces derniers temps, j'avais vraiment beaucoup de difficultés à trouver le sommeil. Il fallait néanmoins que je m'excuse, si je ne voulais pas qu'elle me rabâche encore la leçon.
_Désolé, c'est que j'ai un marteau piqueur dans la tête.
_Oui, et bien tu ferais mieux d'y avoir tes cours !
Il était vrai aussi que j'avais récemment loupé des contrôles parce que j'avais comme qui dirait oublié mes leçons… Là encore, mes parents n'avaient rien voulu savoir.
« De toute façon, ils ne m'écoutent jamais. »
J'attendis pour me lever que ma mère soit parti. Je me préparais machinalement, tout content de retrouver Tania. J'avais le sourire aux lèvres.
C'est vraiment l'âge bête, mon fils ! me dis mon père qui me croisait dans la salle de bain.
« Pourquoi appelle-t-on ça l'âge bête, alors que c'est sans doute celui où on réfléchi le plus à ce qu'on veut faire, à ce qu'on est et ce qu'on va devenir ? En plus, c'est le moment où on

se remet le plus en question ! »
Je hochais la tête, la brosse à dents dans la bouche, comme pour montrer que j'étais d'accord avec moi-même. 

 

 

 


Pour la première fois depuis le début de l'année, et pour une raison que j'ignorais, j'étais heureux d'arriver au lycée. Il y a des jours où tout va mal. Celui-là, je sentais qu'il allait être agréable. Le temps n'était pourtant vraiment pas clément. Les nuages noirs s'approchaient du lycée et le vent soufflait très fort, comme à l'accoutumé dans cette région du Vaucluse. J'avançais parmi la foule, confiant, presque pressé d'arriver à la salle de cours. C'était tout à fait paradoxal, quand on y pense. Je n'avais aucune raison d'être heureux d'y aller. Je savais que je n'allais rien rencontrer d'exceptionnel.
« Je n'ai aucune raison d'être aussi content. Pourquoi est-ce que je suis tant de bonne humeur ? Et puis, c'est quoi ce délire d'arriver et de… »
J'en étais bouche bée. Même dans mes rêves les plus beaux je n'avais jamais assisté à un tel spectacle. J'étais à une vingtaine de mètres du reste de la classe. Je ne voyais plus qu'elle.
_Oh, mon Dieu ! dis-je, marmonnant.
_Tu sais, tu peux aussi m'appeler Yann me dis le petit blondinet en face de moi.
_Parfois, je suis content de faire une tête de plus, ça m'évite que tu me caches la vue ! rétorquai-je, ignorant sa blague douteuse.
Il tourna la tête et vit Tania, adossée contre le mur à côté de la porte. Il me regarda, le sourire en coin.
_C'est un sacré gibier, cette fille. Plus d'un s'y sont cassé les dents. Fais gaffe à ne pas être le futur édenté…
Je fus d'abord paniqué, me rendant compte que je m'étais bêtement trahi, puis je fus étonné qu'il ne se précipite pas pour raconter la nouvelle à qui voudrais l'entendre. Cela faisait partie de ses habitudes, mais je voyais qu'autre chose le préoccupait.
_T'inquiètes, ce sera notre petit secret ! me dit-il avec un clin d'œil.
_Qu'est ce qu'il t'arrive ? Tu es mourant ?
Je savais que c'était sympa de sa part de ne rien dire, mais je n'étais pas sûr de ne pas devenir dépendant de son bon vouloir si je montrais à quel point je désirais garder ça secret.
_Non, crétin ! me fit-il. Je faiblis ! Je deviens gentil !
_Tu deviens un vrai pote, c'est tout !
Nous commencions à marcher vers la classe. Je ne pouvais m'empêcher de sourire. Lui qui était tellement « il a dit si, elle a dit ça ». J'étais vraiment content de pouvoir enfin compter sur quelqu'un de la classe.
« Il reste à espérer que ce n'est pas temporaire ! »
Le prof d'Histoire se faisait attendre. Yann me laissa m'installer en face de Tania et pris la place à côté de moi. Alors que je levais les yeux furtivement vers elle, Yann me mis un coup de coude dans les cotes.
_Que veux-tu, Thomas, t'es un romantique un point c'est tout ! T'es le seul à avoir de telles idées ! Il marqua une pause. Tania ?
Il se tourna vers elle, comme pour continuer une conversation. Elle leva les yeux vers nous. Il reprit.
_Excuses-moi, mais tu ne crois pas que Thomas est un gars romantique ?
Je ne pouvais pas le croire.
« Le salaud ! »
J'aurais du savoir qu'il me préparait un truc de ce genre. Le pire, c'est qu'il devait être persuadé qu'il pourrait m'arranger le coup. Au mieux, tout ce qu'il pouvait faire, c'était que les autres se rendent compte de la chose. S'en serait fini de moi !
_Un gars romantique ? dit-elle, haussant un sourcil. Elle se tourna vers moi, dubitative. Et pourquoi es-tu si romantique ?
_Ben vas-y tom, dis-lui !
Je regardais Yann. Ce nain, tout content, m'avait fichu dans de beaux draps. Je n'avais pas trente-six mille solutions.
_Je ne suis pas un romantique. Il n'arrête pas de me le rabâcher sous prétexte que je dis des trucs que soit disant d'autres ne disent pas…
Je fis mine de ne pas y accorder plus d'importance que ça. S'il y a un truc que je savais, c'est qu'il ne faut jamais faire son malin devant une fille si on n'a pas ce qu'il faut derrière. Et vu que les gars du rugby étaient juste à côté…
Je pensais à une multitude de choses en même temps. Tout se mélangeait, David et ses potes, yann que je devais tuer, le lycée, les rêves.
« Les rêves… »
Les voix autour de moi semblaient désormais lointaines. Le regard fixe, perdu dans celui de Tania, je fus sorti de mes pensées par David.
_Ben alors, thomas ? On peut dire qu'elle te fait de l'effet, la donzelle !
_Pauvre con ! Qu'est-ce que ça peut te faire ?lança Tania.
La classe s'était immobilisée et nous écoutait. Toujours à moitié dans les vapes, ma tête se tourna machinalement vers l'offenseur.
_T'es vraiment un moins que rien...
J'entendis le son de ma voix, sans comprendre ce que je disais, comme si cela avait été un bruit de fond, une télé qu'on laisse allumée.
Les autres me regardaient bizarrement, comme si j'avais fait une bêtise.
Le prof arriva, ouvra la porte. La classe entra –une fois n'est pas coutume- silencieusement. Je regardais mes deux pieds, avançant l'un après l'autre au milieu des autres.
Je m'assis comme d'habitude tout seul à la table double du fond. Machinalement, je mis mon cartable sur la chaise d'à côté. Yann préférait être à côté des filles, dans l'espoir qu'elle puisse enfin le remarquer. J'étais assez inquiet de la façon dont ils m'avaient tous regardé…
« Qu'est-ce que j'ai dit ? Tout le monde semblait bizarre… »
Perdu dans mes pensés, je n'entendis même pas qu'on me parlait. On me bouscula.
_Dis, je te parle !
_Hein, quoi ?

« Qu'est-ce qu'il me veut celui-là ? Â»

_Est-ce que je peux m'asseoir ? répéta le type sans s'énerver.

_Oui, bien sûr.

Je retirai mon sac pour lui permettre de se mettre à sa place. Il s'assit tranquillement. C'était la première fois que je le voyais. Il devait être nouveau dans le lycée…

_Je m'appelle Thomas, dis-je pour débuter la conversation.

Il était plus grand que moi, plus comme les rugbymen, avec de larges épaules et la peau mate.

_Content de te connaître, dit-il en me serrant la main, tu peux m'appeler Nat'.

_Comme Nathan ? fis-je, amusé.

Il sourit.
_Non, comme Nataniel.

J'eu du mal à dissimuler ma surprise d'entendre un nom pareil.

« Je croyais que c'était un nom de fille, ça ! Â»

Le cours d'histoire était soporifique au possible. Après une demi-heure d'attention, je commençais à jouer avec mes stylos, pour passer le temps. C'était un cours sur la cinquième république… Même le prof semblait s'endormir au tableau. Au cours d'une bataille spatiale que je menais silencieusement contre ma trousse à l'aide de mes stylo, l'un d'eux se fit toucher et atterris avec fracas sur la table de mon nouveau voisin…

_Désolé ! murmurai-je.

_Pas grave, dit-il sans quitter des yeux le prof. On fait ce qu'on peut pour s'amuser ! De toute manière, je ne vois pas ce qu'on peut faire d'autre…

Il sourit. Il avait raison. C'était un cours de deux heures, mais il paraissait en durer quatre.

« Il a l'air sympa…autant discuter avec lui, tant qu'à faire ! Â»

Le reste du cours passa plus vite, beaucoup plus vite, même. J'appris qu'il s'était fait renvoyé de son lycée pour mauvais comportement.

Il s'était battu avec une bande pour protéger une fille, mais celle-ci n'avait pas témoigné en sa faveur devant le principal, sans doute de peur de représailles. Je n'avais pas de mal à le croire tant il paraissait gentil, mais le fait qu'il s'était inscris dans l'équipe de rugby attisait ma méfiance. Il avait une coupe bizarre. Ses cheveux lui tombaient un peu sur le front et couvraient en parti ses yeux clairs. Il fallait le dire, il était plutôt baraqué. Son calme apparent lui donnait un air ténébreux, qui faisait tourner certaines têtes féminines dès son arrivé en cours.

Il était habillé d'un style que j'aimais plutôt bien : tie shirt noir avec un pull blanc en dessous, un pantalon noir et large.

La matinée passa assez rapidement. Il s'assit à côté de moi en anglais et en physique. On discutait de tout, de nos goûts, pour les jeux, les filles, etc.

Arrivé à la pause de midi, je l'attendis à la sortie de cours.

« Ah, oui, je n'avais pas remarqué qu'il était aussi baraqué !»

Ce mec faisait une tête de plus que moi tout en étant plus large. C'était typiquement le genre de mec qui m'agaçait habituellement.

_Au fait, Nat', tu manges où à midi ?

J'espérais pouvoir l'inviter à manger à la maison, comme je le faisais pour mes potes. J'avais un bon a priori sur lui.

_Je mange au self aujourd'hui…

_Bon, d'accord. On se voit cette après midi !

Je ne voulais pas insister ni lui demander ouvertement. Je traçais donc ma route en prenant soin d'être juste devant Tania dans les escaliers, des fois qu'elle m'aperçoive…

Une fois sur le chemin du retour, Je me rendis compte que j'avais totalement oublié de demander à Nat' s'il avait entendu ce que j'avais bien pu dire à David.

 Â« Mieux vaut ne pas tenter le diable, il vaudrait mieux que tout le monde oublie ça, sinon, je vais y avoir droit pendant des semaines…Tout ce que j'ai à faire, c'est éviter que cela se reproduise… Â»

Ce petit « incident Â» me préoccupait tout autant que mes rêves. Le plus étrange était sans doute que cela arrive en même temps. Cela ne m'inquiétait pas non plus tant que ça. Je n'étais pas d'un naturel inquiet, et j'étais un peu fataliste quelque part. Je pensais qu'on pouvait prendre sa vie en main, bien sûr, mais certaines choses qui y surviennent ne peuvent pas être changées. J'acceptais tout simplement que malgré toute la bonne volonté que l'on peu  avoir pour contrôler sa vie, certains éléments surviennent sans qu'on puisse faire quelque chose. Certains pensent que c'est le hasard, mais j'ai souvent pensé qu'entre destin et coïncidences étranges, il n'y avait qu'une fine barrière dont le franchissement était subtil et pas à la portée de tous.

Une fois mes méditations philosophiques terminées, j'arrivai enfin chez moi. J'étais seul le midi depuis le collège, donc j'avais depuis un véritable rituel de préparation. Le sac était la première chose dont je m'occupais. Je l'envoyais amoureusement valdinguer à l'autre bout du salon. Il s'écrasait toujours avec fracas contre le buffet. 

Certaines fois, il m'arrivait de simplement le lâcher par terre comme on se débarrasse d'un fardeau. Ensuite venait la musique. Il me fallait impérativement un bruit de fond, que se soit la musique ou la télé. La troisième étape consistait à trouver le repas du midi, préparé par les soins de ma maman. Enfin, je mettais la table, et mangeais, devant la télé.

C'était ce qu'on pouvait appeler le train-train quotidien. Mais quelque chose n'allait pas. Un je-ne-sais-quoi qui rendait l'atmosphère pesante.

« C'est idiot. Me voilà angoissé dans ma propre maison ! Â»

Alors que le micro-onde tentait de faire chauffer mon déjeuner, je commençai à me sentir vraiment en danger. Je regardai par la fenêtre. Les nuages noirs étaient sur la ville désormais.

« La tempête n'est pas loin… Â»

La nausée gagnait petit à petit sur mon envie de manger.

« Je ferais mieux d'aller aux toilettes.»

Je montai donc les escaliers. Je pouvais aussi aller aux toilettes d'en bas, mais je ne les aimais pas trop. Une fois la porte de « mes Â» toilettes fermée à clef, je me mettais à faire ce que tout le monde fait dans des toilettes : lire.

Alors que je finissais un paragraphe d'un article d'un magazine de jeux vidéo, j'eu une sensation terriblement étrange.

« Ce n'est pas possible. Â»

Je posai doucement le numéro, sans bruit.

« Je dois rêver. C'est forcément une fausse impression ! Â»

J'en avais les larmes aux yeux d'angoisse.

« Je suis seul dans cette foutue maison. Personne ne peut être là à part moi ! Â»

Et pourtant je sentais une présence, juste devant moi. J'aurai juré que quelqu'un se tenait debout, devant la porte des toilettes.

Tout ce que j'avais à faire, c'était regarder en dessous de la porte pour vérifier qu'il n'y avait rien. La vérité c'est que j'étais pétrifié à l'idée que je puisse y trouver autre chose qu'un filet de lumière.

Après dix minutes où, immobile, je cherchais en moi le courage de regarder, et en même temps je tentais de m'expliquer ce sentiment de sentir la présence, je me décidai enfin à tenter le coup.

Le plus doucement possible, je remis mon pantalon et me mis à genoux. Jamais une boucle de ceinture me paru faire autant de bruit.

La respiration tremblotante, je baissai lentement la tête. La lumière passait naturellement en fil continu en dessous de cette fichue porte. Je fus soulagé, mais pas moins angoissé pour autant. J'avais toujours le même pressentiment. Je n'avais pas le choix, pourtant. Je n'allais pas non plus rester là à stresser alors qu'il n'y avait sûrement rien.

Très doucement, j'ouvris le verrou intérieur, sans qu'il puisse grincer comme il avait l'habitude de le faire. Ma seule préoccupation était surtout de rester concentré sur le faible bruit de fond qu'émettait la télé, en bas. C'était le seul moyen que j'avais trouvé pour être sûr de ne pas céder à la panique. Je pris la poigné des deux mains et m'apprêtai à l'ouvrir. Il me semblait que ma respiration faisait cent fois plus de bruit que la poignée qui tournait. La porte ne demandait qu'à être ouverte. Tout ce que j'avais à faire, c'était de la tirer vers moi. Ce que je fis, tout doucement, scrutant le moindre mouvement.

« Je le savais. Il n'y a rien. Â»

J'étais en colère contre moi, contre ma peur. Certaines personnes avaient des crises d'angoisse, je le savais, mais je ne me doutais pas que j'en faisais partie…

 

 

 

 

Le sport l'après midi me permit de me changer un peu les idées, et de bénéficier pour une fois de l'aide d'un sportif. Nous faisions du basket ball jusqu'à fin décembre. Depuis le premier jour où nous avions commencé, je n'avais cessé de changer d'équipe, car à chaque fois on se plaignait que je n'étais pas assez actif, ce qui m'avait valut plusieurs fois les foudres du prof de sport, qui devait avoir oublié que nous n'étions pas dans une école militaire. La vérité est que dans chaque équipe se trouvait des rugbymen, et qu'ils s'arrangeaient pour que je n'obtienne que rarement la balle. Cette fois-ci pourtant, je pus jouer à ma convenance. Cela venait sûrement du fait que j'étais dans l'équipe de Nataniel et de Tania. Je me donnais à fond pour l'impressionner. Je voulais juste qu'elle me remarque, en fait. D'après la façon qu'elle avait de bouger, son endurance… Elle devait être sportive.

Je devais mettre le paquet si je voulais être de taille, mais les autres ne me facilitaient pas la tâche…

Je tombai lourdement au sol

_Ben alors, Thomas ? On ne tient pas sur ses petites jambes !?  me cracha le prof de gym alors que je venais de me prendre un pl#BDB9B7ge en règle par Marek, le pilier de l'équipe des « Dieux du stade Â», qui jouait dans l'équipe adverse.

Il me regardait en souriant. Je commençais à avoir les nerfs.

« Ok, tu veux jouer comme ça ? »

J'étais particulièrement rancunier comme garçon, mais c'était un trait de caractère qui servait souvent ma cause. C'était aussi le cas pour cette fois. Après que Marek ait encore marqué un panier, je fis signe à Nat' de me passer directement la balle. Dès qu'il me l'envoya, je sus que les autres me fonçaient déçu. Je pris la balle, et l'envoyais directement au panier adverse, sans qu'elle ne touche l'anneau.

Devant l'étonnement de tous, je jubilais. Je me tournai vers Marek.

_Pour jouer au gros dur, t'es fort, mais dès qu'il s'agit de vraiment jouer en respectant les règles, on ne peut pas dire que tu assures…

Je me sentais d'attaque contre tous.

« Une forme du tonnerre de Zeus ! Â»

_Qu'est-ce qui t'arrive ? me dis Tania juste derrière moi. D'habitude, tu es moins bon ! mes dit-elle, les yeux perçants.

_Disons que le basket, ça marche mieux avec une balle dis-je en souriant.

Elle me renvoya mon sourire. Je n'en croyais pas ce que je venais de faire. Être bon en sport, tenir tête à Marek et par-dessus tout draguer Tania ! Il y a une heure et demie, je n'osais pas ouvrir une porte de toilette, et maintenant, je me sens la force d'en éclater au poing !

« Ça doit être ça, l'amour ! Â»

Je savais que cela n'avait rien à voir… Depuis l'arrivée de Nataniel, beaucoup de choses étaient arrivées… Tout en continuant le sport, je réfléchissais à tout ça.

Une fois le remplacement fait, je m'assis sous le regard du prof, toujours étonné de mes prouesses techniques. Je regardais les autres se défoncer à mort. Je ne pouvais m'empêcher de me demander ce qu'ils faisaient là, à se dépenser. Sans doute le faisaient-ils pour se prouver qu'ils étaient des battants, pour prouver qu'ils valaient la peine au prof…Peut être se donnaient-ils à fond juste pour aller jusqu'au bout de ce qu'on leur avait demandé, ou qu'ils y prenaient tout simplement plaisir.

Je me rendais progressivement compte que quelque soit leurs motivations, tous jouaient sur le même terrain. Certains étaient des adversaires, mais il y avait toujours une raison à leur présence sur ce terrain, toujours une utilité. Cependant, seuls ceux qui savaient jouer, ceux qui savaient pourquoi ils étaient là, ceux qui ne subissaient pas le fait d'y être s'en sortaient mieux. Les autres restaient passifs, à rien faire. Je n'allais tout de même pas jusqu'à dire que le basket ball était une métaphore de la vie, mais la comparaison me semblait évidente sur le moment.

Après le sport, je croisai Tania à la sortie. Je lui fis un sourire timide.

_Tu t'es bien défendu aujourd'hui, commença-t-elle.

_Merci ! J'étais en forme…

_C'est plutôt surprenant, surtout quand on sait que tu n'as jamais mis un panier de toute l'année.

Ces yeux perçants étaient braqués sur moi.

« Méfies-toi, Tom, c'est pas le moment de flancher ! Â»

_Comme je te l'ai dit tout à l'heure, si on me file le ballon de temps en temps, j'arrive à faire deux trois trucs.

_Je vois, dit-elle, lentement, comme si elle analysait ce que je lui disais.

Elle ne me quittait pas du regard. Je ne savais pas trop ce qu'elle avait en tête, mais je savais qu'elle avait quelque chose à l'esprit me concernant. Elle détourna le regard quelques secondes, puis le reposa sur moi.

_Bon, et bien, soignes-toi bien ! Je dois y aller.

« Soignes-toi bien ? De quoi elle parle ? Â»

Je la vis s'en aller tranquillement… Elle n'avait pas tout à fait tort d'être suspicieuse envers moi. Moi-même, j'aurais des soupçons sur un gars comme moi, si je n'étais pas ce gars…Ce n'était pas très courant pour un habitué des bancs de touches de mener une équipe à la victoire du jour au lendemain, en faisant comme si le ballon avait accompagné ses mains dès la naissance.

« J'y vais peut être un peu fort, là. J'ai marqué un panier, je ne suis pas non plus allé sur la lune ! Â»

Mais le fait est que j'avais fait quelque chose qui m'était impossible à réaliser ne serait-ce que la semaine dernière. Cela méritait d'y porter attention.

Je repensai à Nat'. Tout avait commencé un peu avant son arrivé. Je n'étais pas homme à croire vraiment aux coïncidences douteuses…

« Il faut croire que l'arrivée de Nataniel fut précédée et suivie d'évènements assez peu… Â»

Je ne pris même pas la peine de finir ma phrase, tant ma pensée était évidente. Nataniel était pour quelque chose dans tout ça, c'était certain. Ce nouvel arrivant dans la classe avait peut être provoqué des troubles chez d'autres que moi…restait à savoir comment il avait fait son compte.

« Je crois bien que lui et moi, on va se dire des trucs… Â»

Je devais à tous prix savoir le fin mot de cette histoire, quitte à lui tirer les vers du nez. Si Nat' y était pour quelque chose dans mes « petits Â» problèmes, j'allais bientôt le savoir, c'était certain.

 

 

Voir le Chapitre 3



24/11/2006
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